AZul a Taddert

La Roche-sur-Yon 2 janvier 2018 (yats)- De mes vingt ans, je fis une distribution de cartes, en fonction du temps et des saisons, au village:une partie de billes, de foot, de chasse aux oiseaux notamment les étourneaux, de saute-mouton, de jeu de massacres ou histoire de la galoche qui tombe, de luge de fortune… avec des amis: certains encore en vie, d’autres hélas ravis aux siens.

Je revoyais leur mémoire avec une profonde pensée.Les ruelles du village Taddert n’avaient d’âme que la nôtre tant une maison sans enfants était semblable à cette ruche sans abeilles.Sur les traces de nos ancêtres, nous avions trouvé des ingrédients fertiles et fertilisables, en termes de valeurs humaines, un cadre de vie bien huilé par une démocratie locale, importée de nulle part.

C'est aussi des maisons forées dans l’asphalte avec des outils qui s’appellent désormais la solidarité, l’entraide et le vivre ensemble. Les tuiles kabyles s’imbriquent mais ne s’entrechoquaient jamais. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, sacré destin!

Une fin de classe sous la neige

Les 20 ans c’est le collège et le lycée des Chemins qui montent, des étés en Fête, des hivers rudes mais « chaleureux», tant la paix était le maitre-mot et soudait tous les foyers, ou pour paraphraser un dicton local «lahna thagh lev lagh na » (la paix vaut plus chère que la richesse). Est-ce le cas de nos jours? je ne suis pas sûr ni certain!  

Après une fin de classe sous la neige alors que nous rentrions de l’école, nous étions accueillis sur la place du village par un couscous géant, servi dans un immense plat d’argile, bien arrosé de légumes et cerné d’œufs durs, les cuillères disposées minutieusement.

Le plat était brulant, mais tempéré par une carafe d'eau venant tout juste d'arriver de la Fontaine fraiche. Nous nous affalâmes sur ce festin comme des loups. Ce fut une offrande d’une maitresse de maison qui venait d’avoir un heureux événement, qu’elle voulait partager avec tous. Ainsi étaient les jours en haute-Kabylie!