Fort-National (L-N-I) autrefois:Les épices, le baby-Foot et la coupe de cheveux
Vendredi 8 novembre 2024 (Salah.Yataghène)°-Elle doit ses beaux jours à trois échoppes de proximité aux activités diverses et variées, alliant l’alimentaire, le loisir et le bien-être. Desservie sobrement par un rachitique escalier partant du centre-ville (rue Abane Ramdane), la rue d’en haut aura marqué les esprits de nombreuses générations des Ath-Irathen.
Pas moins de 25 villages avaient les regards au jour le jour sur cette bourgade qu'est larbaa-Nath-Irathen, située à près de mille mètres d'altitude.Les survivants l’évoquent à chaque occasion pour faire durer la nostalgie du passé: celui de la ville-berceau du légendaire poète Si Mohand-U-Mhend, ceinte de murailles et de vestiges, témoins du temps.
Qui n’a pas un jour foulé cette rue altière et majestueuse rue avec une halte à l’épicerie de Da Meziane Ath-el-Mouloudh, Guers, du village Taddert-Bouada, tant le visage de l’Homme exprime d’emblée le bon accueil, le professionnalisme et la sobriété.
Au bonheur des ménages
Les ménages y trouvaient leur bonheur dans la diversité d’épices et d’ingrédients proposés, nécessaires pour une cuisine traditionnelle des kabyles que les maitresses de maisons ont pris soin de préserver à travers les époques. Leur combat identitaire est aussi à ce prix. En témoigne la pérennité de leur langue et culture.
Des produits de beauté et de maquillage n’étaient pas également en reste des étals. De là, on ne revient pas bredouille.
Cela étant, la discrétion de la rue faisait que la clientèle est beaucoup plus féminine, puisqu’à chaque époque correspondent ses habitudes et ses mœurs de vie.
Aux dernières nouvelles, la boutique active toujours, pourvu que Dieu lui accorde encore longue vie.
Le baby-foot…
A quelques mètres de là, toujours sur la rive droite, le loisir s’ouvre devant les passionnés du baby-foot que proposait allégrement le Café de Da Chabane Ourezki, surnommé par les intimes «Vouth ftousth» en lien avec son handicap au bras.
Un lieu convivial dont raffolait la jeunesse.
Une partie de jeu accompagnée d’un café ou d’un Orangina sous des airs musicaux interprétés par des chanteurs de l’époque tels Slimane Azem, Taleb Rabah, Chérif Kheddam, ne faisaient qu’agrémenter le divertissement des habitués.
Et le salon de coiffure
La beauté de cette rue s’achève dans la linéarité par l’incontournable salon de coiffure, aux allures villageoises, de l’inoubliable Da Rabah du village Taourirt-Mokrane.Le coiffeur n'a pas qu'un seul tour dans son sac. Il est connu avant tout pour son savoir-faire et l’art de couper les cheveux, qui lui valurent respect et considération de la clientèle, en plus de son caractère de bon-vivant.
Il vous coupe les cheveux en fredonnant des chansons de Slimane Azem, le plus souvent, ce qui confère à l’ambiance du moment, un attrait et une fidélité de la clientèle. Un dinar cinquante une coupe dans les années 1970, prouve que Da Rabah ne travaillait pas pour des Châteaux mais beaucoup plus pour en faire un gagne-pain humaniste.
Il y a de cela plus de 50 ans!
D’ailleurs, ses convictions politiques en disent long sur ses valeurs. "Les murs de son salon sont décorés aux coupures de journaux de l’époque coloniale et post-indépendance"se souvient notre ami Ahmed Hamoudi.
Ainsi, nous quittions cette rue d’en haut, les cœurs gonflés d’aise pour redescendre dans celle d’en bas: il y a plus de 50 ans !
Rue d'en-haut dans son envergure en deux photos
Crédit : Farida Allache
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