AZul a Taddert

La Roche-sur-Yon 8 novembre 2016 (Syat)- Les temps étaient durs comme le fer mais rendus apaisés par l’entraide. Des cultures vivrières et des arbres fruitiers venaient à bout de cette indigence qui produisit, paradoxalement, l’effet inverse: soudure du lien social et de la cohésion villageoise.

Ce soir-là, le vent a beaucoup soufflé, des tuiles tenant à peine, partaient comme des feuilles mortes sur des toits mitoyens, des cheminées dans la tourmente. Le village dormait encore comme dans le Sommeil du juste.

Aux premières lueurs du matin qui arrachèrent le berger à ses rêves, elle partit toute emmitouflée dans son habit traditionnel, la tête « foulardée » à la kabyle, en empruntant un chemin cassé, encore enveloppé dans la brise du matin.

Son seul rêve était d’atteindre le champ où elle avait pour habitude de ramasser une à une des châtaignes, petite source non négligeable d’un revenu qui lui permit, une fois l’an, de mettre un peu de beurre dans les épinards. D’une main, elle ramassa le fruit, d’une autre elle ouvrit la coquille pour sortir celles qui venaient tout juste de tomber, gaulées malgré elles, par les rafales de vent de la veille.

La tâche était rude, l’échine courbé sur une pente raide,  elle remplit le panier avec cette joie d’avoir gouté aux fruits de son labeur et de sa bravoure. Une fois au village, elle respira de quiétude, d’être revenue saine et sauve, face à sa crainte de heurter dans ces champs perdus, des sangliers en quête de nourriture.

De la récolte, elle venda une partie et en garda une autre pour ses enfants. Elle destine une autre quantité à sa voisine. Echange de bons procédés, le lendemain, cette dernière tapa à sa porte et lui offrit, dans le même contenant, une bonne part de figues sèches toutes "fraîches". L’hiver venu, au coin du feu, la brave dame partagea, une soirée-châtaignes avec ses quatre enfants. partage et lointain souvenir...  

Légende : femme-courage