AZul a Taddert

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Évocation : pensée pour Camille Lacoste Dujardin

La RSY 3 octobre 2018 (Syat)-En décembre 2014, il nous a été donné l’occasion d’assister, dans l’émotion, au vibrant hommage rendu à Drancy par  la Coordination des berbères de France (Seine-Saint-Denis) à l’ethnologue de la culture kabyle: Camille Lacoste Dujardin.

Deux années plus tard, elle était ravie aux siens dans les Hauts-de-Seine (Janvier 2016).Nous évoquions ici sa mémoire avec un beau souvenir de sa Vaillance morale et intellectuelle.

Elle est "l’une des rarissimes anthropologues français à maîtriser parfaitement le dialecte kabyle" écrivait l’anthropologue Alain Mahé. Née à Rouen, le 1er mars 1929,Camille Dujardin vécut d’abord à Cherbourg, avant de suivre sa famille à Casablanca pour échapper à l’occupation allemande.

Revenue en France à l’issue de la guerre, elle finit ses études secondaires à Paris et entra à l’Institut de géographie de Paris (1949-1950).Deux rencontres décideraient de son orientation de recherche sur le Maghreb : celle de Jean Dresch, éminent géographe du Maghreb, et celle, sur les bancs de l’université, d’Yves Lacoste.

En 1951-1952, elle commença une initiation à l’ethnologie à l’Institut d’ethnologie du Musée de l’homme avec Hélène Balfet.En compagnie d’Yves Lacoste qu’elle avait épousé et qui, jeune agrégé, avait été nommé au lycée Bugeaud d’Alger, elle partit pour l’Algérie en 1952.

60 ans de recherche sur la Kabylie

Á la faveur de ce séjour, elle découvrit la Kabylie, sa société et sa culture. Considéré comme politiquement «indésirable» par les autorités françaises, le couple dut quitter l’Algérie en 1955. De retour à Paris, elle fit un stage au Centre de formation aux recherches ethnologiques et au département d’Afrique blanche et Levant du Musée de l’homme.

L’œuvre de Camille Lacoste-Dujardin est abondante. En premier, elle a consacré des ouvrages à la littérature orale qui, au départ de sa carrière, lui permit de conjuguer travail sur la langue et recherches ethnologiques dans un contexte de guerre en Algérie qui lui interdisait tout accès au terrain.

Après avoir traduit et publié en 1965 un recueil de contes et légendes de Grande Kabylie (recueillis, transcrits en caractères latins et publiés en 1893 par Auguste Mouliéras), elle fit du conte kabyle l’objet de sa thèse d’Etat en ethnologie, publiée en 1970.

Vaillance de femmes...

A partir de 1958, attachée de recherche au CNRS, elle suivit à l’Ecole nationale des langues orientales vivantes l’enseignement du berbère et obtint, en 1961, son diplôme de berbère, ce qui devait en faire.

Commença alors une longue carrière au CNRS. Une fois nommée directrice de recherche, à la suite de Germaine Tillion, elle dirigea le laboratoire du CNRS «littérature orale, dialectologie, ethnologie du domaine arabo-berbère » (1978-1994), puis présida la section 38: langues et civilisations orientales, du comité national du CNRS (1976-1981).

Deuxième axe de recherche qui élargit son audience au-delà même des études berbères: les femmes, avec plusieurs ouvrages marquants, singulièrement Des mères contre les femmes (La Découverte, 1985), mais aussi La Vaillance des femmes (La Découverte, 2008).

 

Avec quelques extraits d'article de Pierre-Robert Baduel

(Directeur de recherche honoraire au CNRS)

 

 

Petit souvenir avec Camille Dujardin à Drancy (2014) 

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Brillante prestation de la Chorale de la CBDF de Drancy honorant Camille

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03/10/2018
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