« D’une rive à l'autre » Idir nous quitte, triste printemps !
Dimanche 3 mai 2020 (Salah Yataghène)- Idir, icône de la chanson kabyle et auteur de la célèbre chanson mondiale Avava Inuva, vient de nous quitter à l’âge de 70 des suites d’une maladie pulmonaire.
Après plus d’un demi-siècle de son investissement inlassable au profit de l’identité berbère à laquelle il s’est abreuvé, à Aït Lahcen, son village natal d’Ath-Yani. Les mots sont faibles et le cœur brisé face à cette pénible nouvelle au vu des liens (de parenté d'abord du fait que son arrière grand-mère est une Yataghène) que nous entretenions avec l’Homme: grandeur, humilité et engagement.
Quelques souvenirs personnels
La perte d’Idir n'est pas sans éveiller en nous un beau souvenir traduisant le militantisme connu à l’artiste pour les causes justes et les libertés démocratiques.
En effet, Idir est venu dans le Pays yonnais (La Roche-sur-Yon), en compagnie de sa guitare, apporter son soutien au jeune blessé du "printemps noir" de Kabylie de 2001, en donnant un spectacle grandiose au Jardin de la mairie dont les recettes avaient été reversées à ce dernier, alors hospitalisé dans la ville de Napoléon.
Le jeune Farid Açid, devenu paraplégique par suite à ses blessures, natif de Draa-El-Mizan est décédé quelques années plus tard à Nantes (pensée).
Idir voue une passion pour la Vendée, un territoire qu’il adulait depuis des années, en témoignent ses fréquentes et inoubliables participations au festival « Chantez Guinguette » de Piquet au Tablier, qui rassemblait chaque été, voici 10 ans, des centaines de personnes acquises depuis longtemps à son parcours de digne Ambassadeur de la chanson kabyle en la hissant haut dans l'arène internationale.
«Aklagh garawen arwah ulanda…» , nous sommes parmi-vous...
Nous l’avions accueilli à la descente du train à La Roche quelques heures avant de rallier les lieux. « Nous sommes parmi vous ! (Aklagh garawen) », nous lançait-il avant les fraternelles embrassades.
Idir y venait chanter « Au fil de l'eau » de la rivière Yon, sa Kabylie profonde. On a vu de nombreux spectateurs éclater en sanglots lorsqu'il rendait hommage à la Maman, la sienne avant tout.
Il y a un an, presque jour pour jour, je servais, à la demande, d’interlocuteur auprès d’Idir, pour la relance d’un voeu de sa venue à La Roche-sur-Yon afin d’accompagner la jeune chorale polyphonique d’Ath-Yani, en petite tournée dans les lieux. « Salah, promis, je viendrais honorer ces petites stars si ma santé me le permet », me disait-il d’un air un peu essouflé et chaleureux, au bout du fil. La maladie n’étant pas pour arranger les choses…
Emu, j’adresse mes sincères condoléances à sa famille et ses proches et à tous les habitants d’Ath-Yani. Que Dieu les accompagne dans cette dure épreuve !
Salah
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