AZul a Taddert

Azib Hmed 7 décembre 2017 (Yats)- “Smah thas mmi g darghel si dhakhel arad yets wali”. En kabyle: Pardonnez-lui sa cécité mais il regarde de l’intérieur. Le refrain est de Lounis.

La gare routière (l’ancienne) de la ville des Genêts, était pleine à craquer, des bus en rade pour aller dans tous les sens: allez allez Alger, Bougie, La3zib, Tigzirt, Azzefoun…Ils étaient de toutes marques, en concurrence et faisaient la chasse aux clients. Ce climat sonnait la fin du monopole exercé durant des décennies par l’entreprise de transport public étatique: la Société nationale de transport des voyageurs.    

Où êtes-vous? ani dha kut?

Au tintamarre des voix commerciales, se mêlaient des klaxons stridents et une chaleur torride connue pour la ville «cuvette».De ce décor fatidique, émerge une silhouette au destin "malvoyant". Elle venait tous les jours que Dieu fait, quémander une aumône auprès des âmes charitables. Elle montait sans cesse dans les bus avec sa voie chaude fredonnant des airs anciens entonnés par nos mères et grand-mères. Émotion!

Elle ne voyait pas "mais elle regardait de son cœur", visage chargé de dignité, le bâton à la main, vêtue à la kabyle (photo), elle finissait son chant en souhaitant un Bon voyage aux passagers. Depuis, le temps aurait fait son œuvre (ez-man ikhadhem chaghliss), elle était effacée du décor, on ne la voyait plus. Seuls les siens pourraient savoir ce qu’elle est devenue. Je m'incline sincèrement devant la mémoire de ces femmes qui ont forgé sagement et avec humilité notre identité.    

Des trésors ensevelis par l'indifférence et l'oubli...