Culture: Lounis, Idir et Lounès, des parcours légendaires et des destins singuliers
Jeudi 4 novembre 2021 (S. Yataghène)- Le somptueux Djurdjura, avec ses montagnes altières et majestueuses, qui culminent à plus de 2 000 mètres d'altitude, se dresse en véritable veilleuse naturelle sur plus de 1 200 villages et hameaux, sans compter ses homologues de la capitale des Hamadites.
Ce massif a mis au monde, à quelques années d'intervalle, trois icônes, au combat artistique et poétique exceptionnel sur les ardus chemins de la quête identitaire berbère que des mères vaillantes avaient tiré de l'oubli grâce à l'arme de l'oralité.
Lounis Aït-Menguellet, Hamid dit Idir Cheriet et Lounès Matoub: trois styles artistiques hétérogènes mais qui s'abreuvent tous à la même source, en puisant dans l'histoire de la Kahina, les racines d'une âme profonde et séculaire qui refuse d'abdiquer devant l'adversité des hommes et l'amnésie du Temps.
Par la chronologie d'aînesse...
Au commencement, par chronologie d'aînesse et non pas par l'impossible choix entre les doigts d'une main, le Poète descend, à pas mesurés , depuis presqu'à l'âge adolescent, d'Ighil Baummas.
Dans ses bagages, des vers purs et durs qui ont bercé de nombreuses générations en ce que chacun y trouve "son compte". Car pour le poète, "libre au chaque auditeur d'avoir sa lecture", selon sa sensibilité et son vécu.
La constance du poète dans l'évolution du temps et donc de la société, avec ses bonheurs et ses malheurs, a fait de lui, un Poète omniprésent depuis la légendaire émission radio kabyle Les chanteurs de demain, du célèbre et regretté Maitre Chérif Kheddam.
Ainsi, durant 50 ans de carrière, l'oeuvre se caractérise par la chanson sentimentale, sociale, politique, identitaire et philosophique. L'ensemble des thématiques abordées, a été porté par un verbe incisif, une langue où la métaphore et la rhétorique ne sont jamais absentes.
Le coup d'envoi...
En restant dans le même versant géographique, sur cette terre fertile de la bonne graine culturelle de l'éternel Mouloud Mammeri, un autre géant de la chanson kabyle moderne, émerge de la Colline oubliée des Ath-Yani: l'ambassadeur Idir qui a juré d'emblée, de poursuivre la quête de ses racines dans "mazal anaghz anmukel..." dont l'incontestable chef d'oeuvre "Ava Inuva" a propulsé merveilleusement sur l'arène internationale. Il aurait, en cela, emboité le pas, à l'inoubliable Slimane Azem, banni par l'exil.
Avec cette chanson, Idir, a donné, en 1973 "le coup d'envoi de la nouvelle chanson kabyle", il a tout réveillé. A elle seule, elle constitue, on ne peut mieux, un S.O.S pour "exhumer" tout un ensemble de coutumes menacées (contes, pratiques ancestrales...).Du coup, elle ouvrait une brèche pour une recherche de ces trésors enfouis.
La révolution dans l'âme...
A quelques kilomètres de là, allant en prenant le sens opposé des Chemins qui montent de Feraoun, au juste à Taourirt Moussa, un Rebelle soulève le Djurdjura "Sligh yekarsed wudhrar", chanson évocatrice de la triste priode de son enlenvement par les Chasseurs de lumière, et fait de la chanson kabyle, un combat pour des causes justes, avant tout la sienne.
Poète courageux au verbe vif et tranchant, Lounès Matoub, en visionnaire, a presque tout dit. La révolution dans l'âme, il a, durant tout son prcours, axé son engagement autour de la défense des droits de l'Homme, de la liberté et de la démocratie.
Ses chansons qu’entonnent les manifestants à chaque occasion, sont le témoignage vivant de leur attachement à cette icône dont la mort a secoué les hautes cimes du Djurdjura tant son oeuvre est d'un apport considérable à la prise de conscience citoyenne.
Ainsi donc, trois vies et trois destins que les générations futures et présentes se doivent de glorifier pour ne pas tomber dans le dangereux piège de l'amnésie.
Pensée profonde pour feux Idir et Matoub.
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