Ath-Yani-Hommage: 3 jours de festivités à l’éternel Mouloud Mammeri
Vendredi 23 février 2024 (Salah Yataghène)-L’Assemblée populaire communale de Beni-Yenni rendra du 26 au 28 février, un hommage appuyé à Dda L'Mouloud Ath Maamar qui nous a quittés en 1989. Ce 35e anniversaire alternera, entre autres, des animations, des conférences, des témoignages et des chants de la chorale féminine Urar n Lxalat "Tighri n Tmettut" de l'auberge de jeunes d'Azazga.
On retiendra une conférence de Hend Saïdi, intitulée «Mouloud Mammeri au cœur de la bataille d’Alger», et une autre de Saïd Khelil sur le thème «Mouloud Mammeri et le lendemain des fêtes», une pièce théâtrale «La nuit blanche" de l’association «Ticrad » d’Agouni Oufourou, ainsi qu'une autre conférence sur le thème «La traversée» du Dr Djaffar Messaoudi.
Pour sa part, Abdelmadjid Bali donnera une communication sur le thème "Enseignement de Mouloud Mammeri à une génération qui a essaimé". Est prévu également un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe de l’écrivain Mammeri suivi de prises de paroles.
Le dernier jour (mercredi 28) sera marqué par une conférence d’Amine Zaoui sur le thème de «La traversée». Toutes ces actions auront lieu à l’Espace culturel Mouloud Mammeri et à la Maison de jeunes Kedache Ali.
Enfin, au programme également, une exposition murale permanente et une vente de livres, en plus d'un concours inter-classes des écoles primaires de la commune et des CEM de la daïra de Beni-Yenni.
Témoignage d’une heureuse rencontre pour la première fois !
L’année 2024 démarre et remet les pendules à l’heure berbère pour nous rappeler les 103 ans du géant promoteur de l’univers amazigh: langue et culture. Vous l’auriez deviné car de lui s’est abreuvé notre âme collective et à lui s’est accroché notre survie. Il s’agit de Dda El Mouloud Mammeri (1917-1989).
Depuis sa « Colline oubliée », joyau de la couronne d’Ath-Yani, l'Homme aurait passé les plus précieuses années de sa vie à faire rayonner et à tirer de l’oubli tout un monde, en mettant sa plume et son savoir au service de l’histoire, de la mémoire et des valeurs dont il fut un exemple à méditer pour les jeunes générations.
«En montrant le chemin à quelqu’un d’où il vient, tu l’aiderais forcément dans sa marche où il voudrait aller».
J'ai rencontré Mouloud Mammeri pour la première fois à la Première Conférence nationale de l’Enseignement supérieur à Ben-Aknoun (Alger) alors que la foudre du printemps berbère d’avril 1980 était encore dans l’air.
"La manœuvre tendancieuse des tenants de la pensée unique"
Cette conférence de deux jours devait dresser les états généraux de l’université algérienne, 25 ans après sa création. Les représentants de l’université de Tizi-Ouzou y participaient mais avec un rapport accablant sur ces événements douloureux, qualificatif juste et préféré au mot «regrettables», tendancieux, brandi par un professeur de l’Institut des lettres arabes, proche de la « mangeoire » du parti unique, chargé de traduire le document réalisé par la délégation universitaire de Tizi-Ouzou, de l’arabe vers le français.
Etudiant, je rapporte les faits 44 ans après.
En hommage éternel, l'Amusnaw dispose depuis quelques années, d’une statue en bronze à son effigie qui fait face au majestueux Djurdjura. Erigée en signe de reconnaissance à sa grandeur d’homme d’exception et signée d’Abdeslam Olivier Graine.
Paroles de Tahar Djaout, le chercheur d’os…
Mais qui de mieux placé que Tahar Djaout, le Chercheur d’os pour parler de cet illustre écrivain, linguiste et anthropologue, juste après sa mort. Il fut emporté « mystérieusement » par la chute d’un arbre dans la nuit du 25 au 26 février 1989, dans sa voiture sur la route de Ain- Defla.
«Comme il va être dur de devoir, désormais, de parler de toi au passé. En dépit de ce que tu as donné à la culture maghrébine, tu demeurais un citoyen comme les autres, un homme qui n’a jamais demandé des privilèges, qui a, au contraire, refusé tous ceux qui lui ont été proposés (… )», écrivait-il.
Encadré
Mouloud Mammeri, natif du village Taourirt Mimoun a voué toutes sa vie à l’écriture et à la transmission du savoir. Professeur d’ethnographie à l’université d’Alger ; il prend la tête de l’Union des écrivains algériens jusqu’en 1967. En 1980, il fonde à Paris le Centre d’études et de recherche amazigh (Ceram) et la revue Awal (La parole) et enseigne en France à l’EHESS.
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