AZul a Taddert

La Roche-sur-Yon 21 avril 2016 (Syat)- En 36 ans de labours semailles, qui ont laissé sur le carreau plusieurs charrues, le vieux paysan se reposait à l’ombre de son olivier. Il y avait encore de la terre fraîche sur ses bottes, ses mains bouffées par les ronces.

Devant lui, deux moutons: l’un docile et l’autre rebelle mais tous pourraient être un jour conciliants.

Ces bêtes venaient tout juste de sortir de la tonte, broutèrent de l’herbe et refusèrent de s’en éloigner. L’air presque perdu dans ces cimes implorant l’au-delà, l'homme guerroyait  dans sa tête: «J’ai du mal à croire que vous êtes finis". «Uliw yuggi adh yamen beli thkfam (…) » (Dixit Lounis). A qui s’adressait-il? Il comptait ses jours, il a fait son temps, il s’en allait dans ses pensées, imperturbable.  

Ses pensées allaient même au-delà du paysage, il scrutait des yeux l’état de santé  des cerisiers que ses mains ont mis en terre un certain printemps qui échappait au rythme coutumier des saisons. Un printemps qui a jailli de ses racines poétiques d’où s’abreuvait un vieil olivier « dont une branche mettait fin au corps entier, mais jamais l'esprit de cet arbre séculaire ». Pauvre destin !    

Dans le ciel limpide, il voyait, comme dans un rêve infini, des nuées d’oiseaux de toutes les couleurs et de tous les âges se donner les ailes pour fêter le printemps, le champ s’est bien rempli et la nature retrouvait les siens. Pour accompagner cette fête des plantes, des fleurs de toute sorte écloraient et libéraient généreusement des parfums d’un goût particulier.

L’homme poursuivait encore sa sieste, le bâton toujours dans la main, la tête enfoncée dans les épaules. A son épouse qui l’invitait à « casser la graine » «  Oh vieux, lève-toi, tu vois ton labeur n’était pas vain, tout a fleuri, le soleil brille sur nos têtes », il répondait soulagé : Nous allons enfin pouvoir respirer ! ».

Légende: ainsi naissait le coquelicot!