Edition:Quand l'écrivain Djamel Laceb explique et ravive « La main du Juif »…
Lundi 4 sept 2023 (Salah.Yataghène)- A la faveur d’un séjour en immersion récent dans le pays des Ath-Irathen (ex Fort-National), autrefois Haut lieu de la résistance et berceau de l’éternel poète si Muhend U Mhend, mon regard fut agréablement capté par une affiche, pas n’importe laquelle: celle du talentueux et émérite écrivain Djamel Laceb.
A cette occasion, la réputée librairie Mouhous, attenante à la "Porte de Michelet" d’autrefois, s’avère exiguë pour recevoir le flux de lecteurs et admirateurs de cet écrivain, investi depuis, quelques, années de la mise en lumière du patrimoine culturel et des légendes berbères. Il est venu dédicacer son dernier roman Taletat, Mystères de « La Main du Juif » (*) paru aux Editions Frantz Fanon.
Trois questions à M. Djamal Laceb
1-Vous venez de publier Les mystères de « La main du Juif » (Taltat) quelle histoire vous inspire cette légende ?
Djamal Laceb :
C’est une montagne fascinante à tous les points de vue : sa forme, son nom, les légendes qui s’y rapportent, la toponomie des environs et la particularité culturelle des habitants surtout ceux nourris aux « Timuchuha » les mythes locaux.
Le fait que la roche prenne la forme de la main est intrigant à plus d’un titre ; quand on sait qu’actuellement même les intelligences artificielles les plus abouties n’arrivent pas à reproduire cette forme qui garde tous ses mystères.
Enigmes liées à l’identité et au destin (songez à l’empreinte digitale qui caractérise chacun de nous et à cette pratique vieille comme le monde qu’est la chiromancie)
Et si cette paluche comportait dans ses vallons, ses ruisseaux, ses clairières, ses oueds, ses pics et ses barres de quoi lire le Grand Destin, Le Destin de l’Homme ?
La toponomie à y regarder d’un peu plus près nous mène directement à l’Egypte ancienne, celle des Pharaons.
Les ressemblances sont si troublantes !Les mythes locaux suggèrent de forts liens avec les constructeurs des pyramides d’ailleurs le mot « Ṭaleṭat » désigne en Egyptien ancien les pierres avec lesquelles on construit les pyramides puis par extension la pyramide elle-même…
Tout ça m’a toujours fasciné, depuis l’enfance. Dès que j’ai commencé à chercher, à son sujet, ont surgi des hypothèses et des rêves à la limite de l’insensé. Je voulais en faire un essai puis j’ai finalement opté pour cette forme proche du roman qui certes brise un peu les conventions dans l’unique but d’apporter un peu d’originalité.
2-Vos récentes dédicaces notamment à Alger-centre, L-N-I, Tamazirt et Aït-Boumehdi (Ouacifs), ont connu un franc succès, que diriez-vous à vos lecteurs?
D.L:
A chaque fois je suis agréablement surpris par la présence du public. Je ne cache pas mon émotion devant les commentaires des lecteurs qui attendaient depuis longtemps un produit littéraire sur cette belle région reculée et encastrée au beau milieu du Djurdjura.
Je découvre des lecteurs avides de légendes de chez nous qui veulent en savoir plus, connaitre et faire connaitre.Je remercie les libraires qui se sont prêtés au jeu et chaque lecteur venu échanger avec moi autour des Mystères de La Main du Juif, c’était à chaque fois un réel plaisir et un agréable moment de partage et de convivialité. Sans oublier les « éditions Frantz Fanon » qui n’ont ménagé aucun effort pour organiser ces rencontres avec les lecteurs.
3-Vous "plaidez" pour l'intégration de Yennayer dans le patrimoine mondial de l'humanité, peut-on savoir en quelques mots les raisons de cette suggestion et les chances de son aboutissement ?
D.L:
Une grande partie de l’honneur d’un peuple ou d’un pays réside dans ce qu’il a apporté à l’humanité pour la rendre plus « humaine ». Yennayer est une fête qui s’étend sur une très grande partie du monde, toute l’Afrique du Nord allant jusque dans les pays du Sahel. Par tous les climats, dans une multitude de couleurs et malgré les différences idéologiques, religieuses, politiques ou autres considérations raciales Yennayer rassemble, rassure, enseigne, place l’Humanisme à portée de tous, à hauteur d’homme.
De simples gestes font de tout un chacun le transmetteur de valeurs ancestrales de partage et d’amour du prochain sans nulle connotation religieuse et sans référence à l’au-delà ni à une quelconque rétribution sauf celle de se savoir Homme et de reconnaitre ses frères en tant que tels !
Je suis convaincu qu'un jour cette approche connaîtra un dénouement favorable, le dossier est bien avancé dans sa conception au niveau du HCA, une décision d’ordre politique pourra lui donner l’élan nécessaire pour arriver à bon port. Je suis confiant en l’avenir !
Encadré
Djamal Laceb est né à Souk-Ahras. Enseignant de physique puis directeur de collège, actuellement inspecteur d’administration dans l’éducation nationale en Algérie, il publie d’abord une traduction vers Tamazighte du roman « Le sommeil du juste » de Mouloud Mammeri (2017), puis un Plaidoyer en trois langues, Tamazighte, Arabe et Français pour reconnaitre «Yennayer Patrimoine de l’Humanité». Il reçoit, en 2019, le grand prix Assia Djebbar pour son roman en Tamazighte «Nna Ghni».
Intervenant dans la presse nationale il a publié un recueil de chroniques sous le titre « Escapades en terre Amazighe ».Producteur d’une émission de radio « Lbaḍna n usefru », à la chaine 2 Nationale, consacrée à la poésie Kabyle (saison 2020-2021).
Pratique
(*) L’ouvrage est trouvable en librairie au prix de 15 euros ou 1000 Da.
Légende: d'une rive à l'autre, petit souvenir avec M. Djamel Laceb à la librairie Mouhous deL-N-I
Crédit:S.Y
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