AZul a Taddert

La Roche-sur-Yon 7 sept 2018 (Yats)- Hier, nous étions encore dans le sommeil, quand la tourmente arracha les oisillons du nid, nous qui avions cru au vent de la paix, acquise sur les sacrifices des autres. Panique dans le malheureux gîte bâti à coups de bec, brun par brun, brindille par brindille, par le couple.

Hier, quand l’un partait à la recherche de quoi nourrir les petits, l’autre montait la garde, le plus souvent la femelle, comme cette jeune veuve des Montagnes «Yellis Pudrar» qui « couve » ses petits et cette âme charitable « qui a offert ses yeux pour que les autres aient la vue », dixit Lounis Aït-Menguellet, ce géant de la poésie et de la sagesse kabyle anciennes. Emotion.

Hier, un vent  nous ramène des criquets pèlerins venus d’ailleurs « immatriculés aux pattes », les plus craints de nos aînés dans les villages. Ces bestioles à l’habit étrange, émettaient des sifflements stridents et  ravagèrent tout au passage, ne laissant guère de chance à la forêt de se régénérer.

Le vent s'arrêta mais l'hirondelle...

Pour se défendre, la tâche était rude, car face au chant, à la poésie, au verbe, on brandit l’arme redoutable: la menace de mort contre tout ce qui ose entraver la marche des criquets.Au fur et à mesure de l’invasion acridienne, de beaux épis de blé et des jeunes fleurs de toutes les couleurs incarnant la vie, disparaissaient du paysage, sous un ciel rempli de corbeaux glorifiant la mort.

Un rassemblement d’hirondelles, avant l’entame de la route du départ, envoie une sévère sentence au Village après des heures de délibérations sur un linéaire de fils électrique (Danger de mort!).Elles en ont assez perdu dans l’espèce, et cherchant un ciel clément, elles battirent de l’aile sur la voie de l’impossible retour.

Le vent s’arrêta de souffler, le Village s’est vidé et l’hirondelle a raté son printemps. Ainsi tombèrent, chez-nous, les beaux oiseaux du nid...