Chronique: est-ce vraiment le printemps?
La Roche-sur-Yon 29 mars 2016 (Syat)- Je partais loin dans mes pensées avec le fleurissement des amandiers et rejoignais dans l’accoutumance la pensée-bilan du Poète Lounis:«Tout ce dont on a parlé, n’aura pas peut-être lieu au motif que l’été a transféré notre rêve à l’automne». L’attente était jugée longue mais pas désespérante dans «Ardjuyi».J'évoquais cette poésie:«Aynakou inahdhar wousen mad yahdhar yefkath ounavdhu ilakhrif… ».
Il y a 36 ans, la Kabylie vivait au rythme d’un printemps exceptionnel et radieux, bien avant que la guêpe «arzaz» chasse l’abeille «thizizwa», depuis, cette travailleuse est partie en pleurant, la mort dans l’âme. A ce moment de l’histoire, chacun sortait ses graines pour ne pas rater la campagne « labours-semailles ».
La tâche était collective et ses objectifs étaient consentis par tous. Le coup d’envoi était donné par ce Sage paysan emporté à notre malédiction par une «branche» presque 10 ans plus tard, lui qui labourait tout seul pendant des années face à des vents violents, car croyant profondément en la cause. Il et elle étaient justes.
Le sol était fertile et n’attendait que des mains dévouées pour produire. Dans la plaine où le montagnard n’a pas l’habitude de perdre du temps sauf s’il vient chercher une substance de vie le matin et regagner le soir son nid d’aigle, prospérait une ferme pilote dispensant le savoir aux enfants du Djurdjura.
L'appel du pain (aghrum) ...
La matière grise de la Kabylie (réunie) a élu domicile là dans ce lycée, à l’origine, transformé en université de fortune qui s’avérait être, quelques années plus tard une véritable poudrière culturelle d’où partait des messages foudroyants défiant la chape de plomb qui pesait exceptionnellement sur les épaules de la Kahina.
La campagne aura duré un mois au terme duquel des milliers d’hectares, jusque-là en jachére,ont été mis en valeur grâce a cette fraternité et à cette cohésion mises en branle pour accompagner le printemps.Cette belle saison donna lieu à un foisonnement culturel sans précédent, et à des légendes notoirement connues sur la scène kabyle actuelle. Certaines existaient déja et d'autres y ont forgé leurs outils.
Alors que les années post-printemps faisait rage dans les dissensions, le Poète nous bombarde dans une poésie prémonitoire:«le jour où vous serez interpelés par le pain,vous n’aurez plus le temps de vous y consacrer (Ndlr à cette lutte), puis celui qui oserait y parler, vous serez à même de le tuer».Dans «Arach neldzayar».Et depuis, le cycle des saisons s’est poursuivi mais sans vraiment notre printemps…
Légende: le coquelicot
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