C'est mars: Zrigh yellis pudhrar...
La Roche-sur-Yon 18 mars 2016 (Syat)- A cette langue que nos mères ont parlée sans l’écrire. Azrigh yelis budh rar…Une chanson hymne aux valeurs de celle qui, l’enfant dans les bras attend sagement et espère….On a tendance à oublier que Thafsuth imazighen qui pointe chaque année à nos portes, selon le moral et les contingences du moment, nous la devons à ces perles des montagnes qui durant des siècles, avaient refusé de vendre leur âme au diable.
Il s’agit de nos mères et grand-mères qui ont donné vie à des Benai ouali, des Laimeche Ali, des Mammeri, des Kateb, des Bessaoud, des Ait Amrane, des Fadhma N’soumeur, des Lounis, des idir, des Lounas.. Des légendes qui ont éclairé notre ciel en nous éloignant des ténèbres grâce à cette belle et même matrice.
Ils ont chanté, clamé et écrit des poésies qu’ils détenaient pour la plus part de leurs mamans au travers des contes, des histoires et des sagesses du terroir. Notre malheur demain viendrait du choix d'une étoile en excluant l'autre dans un ciel qui aurait besoin de toutes: simples ou filantes.
Plus récemment, Idir est allé dans son dernier album jusqu’à «accompagner» dans un ton pathétique sa chère maman dans sa dernière demeure pour nous rappeler cette vérité chère pour nous qui dit que « chaque vieux ou vieille qui meurt est une bibliothèque qui brûle ».
" A Yemma fkiyi rekva..." de Ali Amaran
Même le fulgurant jeune chanteur Ali Amrane s’est vu dans "l’obligation" de recourir à sa maman pour se faire payer le billet de voyage pour emprunter le chemin de l’exil. " A yemma fkiyi rekva adh ruhagh arfrança". (J'y vais pour travailler pour toi...). Quelle belle gratitude!
Le plus lourd combat mené de façon discrète et anonyme avait été porté de longue date par ces gardiennes inconditionnelles de notre culture. Elles nous ont communiqués dans l’oralité et la sobriété totale le fil de nos racines sans quoi nous serions perdus dans les avalanches de notre histoire nationale manipulée à foison par les faussaires de tout genre.
A peine si on a pas voulu déplacer les sommets de Lalla Khadîdja et de Yemma Gouraya pour nous mettre en conflit direct avec Dame nature, couper ce cordon ombilical et lacher ces grappes de villages nichées proches des étoiles. Oui " Adhrar inou"!
Les combats futurs pour cette cause sont venus couronner,dans la douleur certes, mais surtout dans la fierté et l’espérance ces innombrables luttes féminines contenues dans nos villages, nos champs dont les cueillettes d’olives et de cerises s’accompagnent souvent de chants anciens puisés au plus profond de l’âme berbère et que Mouloud Mammeri aurait voulu exhumer à Tizi-Ouzou un certain avril 80 en défiant un ciel de béton. A quelque chose malheur est bon…
Légende: Si loin si proche...
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