AZul a Taddert

La Roche-sur-Yon 14 novembre 2016 (Syat)- La photo m’est parvenue comme une lettre à la poste, glissée nostalgiquement par un cousin sur la toile. Elle est pièce maitresse du patrimoine affectif des frères et sœur  tant cette maison kabyle en proie à la méchanceté du temps a vu naître une famille et des arrières grands-parents.

Résistante et surtout affective, ses murs et ses tuiles n’ont jamais failli, malgré des hivers rudes, elle avait tenu contre vents et marées, comme si elle tirait sa substance et son énergie de ses occupants. Au pire des soirées de neige, elle renvoyait la fumée de sa cheminée sur toute la pièce, le temps que la tourmente passe.Des murs crépis à la chaux hydraulique, une toiture en roseaux couverte de tuiles kabyles, inventées par les anciens, certainement à partir des gisements d’argile se trouvant a proximité du village.

Yem ghid lah chich dhi lath ris (Lounis)

Un escalier en dents de crocodile qui aurait, sans la prudence des usagers, cassé bon nombre de jambes surtout quand Blanche neige tapissait le sol, donnait accès à l’extérieur, sur une porte de sortie commune que le premier sortant ouvrait et le dernier fermait pour permettre la sécurité de tous. La pièce multiservice servait à tous les usages: chambre à coucher pour tous, salle à manger, salle de bain. On se contentait de ce que l’on avait dans le bonheur et la frugalité.

Le temps a fait son œuvre et l’œuvre n’a pas le temps. C’est l’exode de proximité, ou encore l’exil intérieur, le village s’ouvre, les ambitions du mieux être en phase avec le modernisme firent le reste. Nous sommes partis. La maison est restée seule, avant de se faire quelques années plus tard, de la compagnie avec la nature: des figuiers s’invitaient à même la fenêtre, de l’herbe partout, bref une âme en délire. Vivons encore dans nos ruines!

Légende: ainsi est la maison...