A dieu le cordonnier...
La Roche-sur-Yon 30 novembre 2015 (Syat)- Adossé à un platane qui aurait vu grandir la ville, du temps où les arbres de Fort-national faisaient partie du décor urbain. Un tabouret et une table de fortune remplie de clous, d’outils rudimentaires et de quelques pièces de cuir. Autour de lui, un amas de vieilles chaussures ayant rendu l’âme depuis longtemps mais que la misère voudrait ressusciter tant que les jambes marchaient encore.
L’homme prenait tout, il savait juste à quelle heure il débute mais pas l’heure à laquelle il débauche, pas loin de lui, un moyen de locomotion doux, sûr et fidèle: un baudet aux oreilles longues rompu à toutes les corvées.
Quand une veille dame vint lui déposer une paire de chaussures, il lui dit de revenir dans pas longtemps. Il ne savait ni lire ni écrire, sa parole et celle des autres faisaient fois de contrat de confiance. Les clients déposaient et reprenaient leurs effets, réparés sans les moindres erreur et souci.
Il lui arrivait rarement d’être absent, s’il venait à l’être, la nouvelle est dans toute la ville. Il occupait bien sa place. Quand la ville a décidé d’étendre ses tentacules vers l’Est et l’Ouest, elle démolit ses deux portes qui faisaient jadis son charme, et le platane avec. Ainsi partait en pleurant le cordonnier. Derrière lui, un tas de chaussures non restituées et donc des pieds encore nus pour pérenniser la chanson "Yemma th dda hafi" entonnée par Bélaid Tagrawla.
Légende: On allait pieds nus
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