AZul a Taddert

AZul a Taddert

Sur ses traces: une bouture de figuier et des racines de thym-citron

Mercredi 18 mai 2022 (Salah Yataghène)- Ce n’est pas le temps qui passe c’est nous qui passons, disait un jour le vieux Montagnard à son épouse. Elle était lassée d’attendre son retour du champ pour partager un déjeuner qui l’avait accaparée aux premières heures de la matinée.

Il est parti un soir d’un ultime printemps, plus rapide que le vent, dans la douleur des siens et des amis qui l’ont aimé, apprécié sur les chemins des deux rives.

Happé par la maladie, ne lui laissant guère le temps de récolter comme de coutume, les dernières figues de son champ, épanouies dans une maison presque "kabyle", attachée à l’Histoire familiale, la sienne. Une maison du Monde, semblable a la "Maison Bleue" clamée par le célèbre Idir, savourant ses jours au fil de l'eau.

Modeste qu'il était...

Dans le blog de ses souvenirs, resurgissait à chaque coup, "la Colline oubliée" dont il revendiquait affectueusement et surtout avec  nostalgie une part. Pour cause: il y avait tissé pendant des années post-indépendance de l'Algérie, des anneaux de la fraternité entre les deux peuples: algérien et français, à travers les arcanes du savoir pour dire à ses élèves «Moi je suis venu semer les graines de la paix et de l’éducation ». Eh oui ! des idéaux pour lesquels il a toujours milité, mais sans le crier sur tous les toits, modeste qu’il était. Il y a cru jusqu’au dernier souffle.

Il y a presque une année...

Quelques mois avant de rejoindre l’au-delà, il offrait à des amis une bouture d’un figuier et quelques racines de thym-citron. Objectif : garnir avec leur jardin. Il les avait récupérés du sien où s’épanouissent entre autres, des figuiers, des noyers et pommiers, entourés de deux puits ancestraux.

Simple ironie du sort ou comble de l'histoire, ces amis n'avaient pas eu cette chance de le revoir, pour une dernière fois, malgré leur désir ardent, avant qu'il ne rejoigne la demeure éternelle. Le temps passe, mais c’est nous qui passons !

Il y a presque une année de sa disparition, dure est la date,enterré humblement et dignement  aux côtés des siens, dans un modeste cimetière adossé à son village natal dans cette Vendée profonde.

Un jour d’automne, il me le faisait découvrir, dans l’émotion. "Je suis né et grandi ici", me confie- t-il, l’esprit dans le passé.

Depuis, et sur ses traces, grandit le petit figuier-cadeau et  promet de beaux fruits, de même que le thym, comme pour rappeler et maintenir vivace l’âme de celui qui les a offerts, le coeur toujours sur la main, au simple regard, à chaque saison et au moindre souvenir de l’être ravi : son nom n'est autre qu' YVES- MARIE MARIONNEAU. Que Dieu le tout Puissant lui accorde sa sainte miséricorde et l'accueille dans son vaste paradis.

 

Légende:

Y.M à son domicile à la Chignardière, tenait un tableau à l'alphabet berbère.

Crédit:

Salah Y. TDR

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18/05/2022
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